samedi 17 janvier 2015

Alpha papa tango Charlie





Bizarre vous avez dit bizarre? Il y a quelque chose de bizarre dans le climat actuel, au delà d'une unité nationale temporaire, qui ne masque pas bon nombre d'actes islamophobes en France, malheureusement prévisibles.

Les attentats des 7 et 9 janvier contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ont fait émerger des slogans bizarres tels que: "Je suis Charlie, je suis flic, je suis juif". Ce slogan "Je suis Charlie, je suis flic, je suis juif" je le conchie d'autant qu'il est absurde. Il ne veut rien dire. Un employé de Sodexho, un agent d'entretien, une agent de police municipale martiniquais, un policier "musulman d'apparence", un secrétaire de rédaction kabyle ont été tués. On n'a pas pour autant scandé: "Je suis Sodexho, je fais le ménage, je suis correcteur et antillais".

"Je suis Charlie", cri spontané devenu presque un slogan marketing me pose un problème celui de l'injonction. Celle lancée par Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique de France 2 dont le patronyme et les manières laissent supposer qu'elle n'a pas grandi aux Beaudottes de se déclarer Charlie et de respecter la minute de silence (pas vraiment la tasse de thé de Cabu et ses camarades assassinés) Elle a incité à "repérer" ceux qui ne sont pas Charlie. Sous-entendu des supporters des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly.



Comme si tous les gens qui auraient des réticences vis à vis du journal satirique dont je fais partie ou de ce slogan feraient l'apologie du terrorisme. Un chouia simpliste et surtout limite de l'appel à la délation. Jusqu'aux condamnations fermes envers des adolescents qui méritent sûrement une sanction mais pas jusqu'à l'emprisonnement dans un milieu carcéral,on le sait ferment de toutes les radicalisations. Revers sécuritaire d'un système qui a failli à repérer l'opération menée conjointement par les trois tueurs.



Suis-je Charlie? Si c'est pour dénoncer des assassinats tout le monde (sauf une poignée d'excités l'est) ça n'empêche pas de profonds désaccords éditoriaux avec Charlie et ce que c'est devenu: l'éviction de Bob Siné, de Lefred-Thouron, une équipe de gens douteux autour de l'acabit de Philippe Val, l'avocat de DSK Richard Malka, la journaliste islamophobe Caroline Fourest et tout récemment la sarkozyste Jeanette Boughrab, compagne ou non de Charb, qui est venue à la soupe.

Je suis Nigeria a tweeté l'actrice Aissa Maiga. Nos morts valent-ils plus que les deux-mille de Boko Haram? A signaler une pétition de la plate-forme "We sign it". Une bouteille d'eau dans la mer? Peut-être? Mais c'est déjà pas mal
http://stopbokoharam.wesign.it/fr


"Je suis Django"

Entendre "la Marseillaise" lors du rassemblement du dimanche 11 janvier place de la République à Paris m'a fait grincer des dents. Les seules versions de ce chant belliciste que je tolère sont "Aux armes etc" de Serge Gainsbourg, "un petit juif russe entouré de rastas" et "Echoes of France" de Django Reinhardt, un Rrom des années 40 qui vivait dans une roulotte à Sannois. ça permet de zapper le détestable "sang impur qui abreuve nos sillons" Surtout je pense que l'Internationale (scandée aux funérailles de Charb à Pontoise) convenait plus aux caricaturistes assassinés, même s'ils s'étaient embourgeoisés. Wolinski avec la légion d'honneur en 2005 c'est comme si Choron avait été à l'Académie française!



Bon ça faisait chaud au coeur de voir tout ce monde, même si comme l'a souligné le journaliste Laurent Léger de Charlie Hebdo, un type bien à priori et le dessinateur Luz, c'était surtout pour ces anonymes dont beaucoup n'avaient sûrement jamais ouvert l'hebdo satirique.

En revanche, un "bal de faux-culs" pour reprendre l'expression de Laurent Léger avec Hollande mais aussi des ennemis de la liberté d'expression comme Faure Gnassingbé, Ali Bongo, Viktor Orban, Benyamin Netanyahu, le roi de Jordanie, les délégués du Royaume du Maroc ça filait de l'urticaire!



Autre impression bizarre durant ce rassemblement jamais vu selon une mamie depuis la Libération de Paris, ces étranges applaudissements lors du passage des camions de gendarme. Je ne dis pas que "CRS SS" soit le slogan le plus heureux de Mai 68. Mais de là à applaudir les cognes! Brassens se serait retourné dans sa tombe du cimetière marin de Sète.

Alors assistons nous à un rétropédalage réactionnaire bleu blanc rouge et sécuritaire? A un pur instant de grâce dû au dévouement héroïque de la police pour la nation? Time will tell

In memoriam Jean Cabut dit Cabu, le père de la fille du proviseur et du Grand Duduche





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