samedi 22 avril 2017
La crucifixion de Mehdi
Il s'appelle Mehdi, comme Mehdi El Glaoui, le héros à la jeunesse étincelante de la série Belle et Sébastien
Mehdi Meklat, 24 ans, coiffé de sa casquette swagg, souvenir de Los Angeles, forme avec Badroudine Saïd Abdallah le tandem télégénique les Kids Mehdi et Badrou, bien vu dans un premier temps par une presse mainstream "ouverte". Il était tentant d'en faire des symboles "blackblancbleurisables" dans un contexte politique qui est, c'est peu de le dire, peu amène envers les "racisés", les "musulmans", les habitants des quartiers populaires. Inviter le duo en plateau pouvait, plus ou moins consciemment être l'alibi de grands médias encore assez frileux dont les rédactions ne sont souvent pas assez représentatives de toutes les couches de notre société. Mehdi et Badrou sont 2 jeunes français originaire d'Algérie pour Mehdi et d'origine comorienne pour Badrou (Il y a tourné avec son acolyte le docu "Grand mariage en 2014). Deux jeunes du 9-3 l'un venant de Saint-Ouen (Mehdi), l'autre de la cité des 4000 à la Courneuve (93) Ils ont d'ailleurs fait un très bon documentaire "Quand il a fallu partir" sur la démolition de la barre Balzac des 4000 en 2011. http://download.pro.arte.tv/uploads/QUAND-IL-A-FALLU-PARTiR.pdf
En février, peu avant l'élection présidentielle je devais rencontrer ces 2 ex-Bondy Blogueurs, reporters surdoués, créateurs avec Mouloud Achour de la revue Téléramadan, la revue qui veut "grand remplacer les idées nauséabondes" Mehdi et Badrou sont auteurs aux éditions du Seuil d'un premier roman "Burn out" sorti en 2015 sur Djamal Chaar, cet homme qui s'est immolé devant un Pôle Emploi à Nantes deux ans auparavant et surtout de "Minute" une fiction, sur la minute avant le verdict des urnes au mois de mai. Je me réjouissais d'échanger pour un article avec ce duo talentueux qui venait de faire la Une des Inrocks avec Christiane Taubira. Seulement voilà la tuile! Le week-end avant l'entretien une internaute a fait le "buzz" en exhumant des tweets haineux, homophobes, sexistes, racistes de Marcelin Deschamps, le "double maléfique" de Mehdi. L'exercice de style de provoc raté de Mehdi ne lui a pas été pardonné. Dès lors l'occasion était trop belle pour les fâcheux, le cuistre philosophe de mes deux Raphaël Enthoven, Natacha Polony, Causeur, Valeurs actuelles, Fourest... des promoteurs zélés de l'islamophobie de vilipender l'islamo-gauchisme des "bobos de gauche" comme les Inrocks, Médiapart, France Inter.. en profitant pour épingler au passage le Bondy Blog, qui n'a rien à voir avec les tweets de Mehdi, et les quartiers dans un essentialisme caractéristique de la Réaction.
Là-dessus la fachosphère si prolixe de "réinformation" l'autre nom de la contre-vérité se déchaîne avec une violence inouïe. Et Mehdi apparemment victime de menaces de mort se fait "oublier" non sans se fendre d'un post d'excuse sur les réseaux sociaux. Ces mêmes réseaux qui ont servi de prétexte à la crucifixion de Mehdi. Au-delà du mauvais goût évident des tweets c'est tout un travail remarquable de terrain qui a été foulé au pied par une "intelligentsia" arrogante beaucoup plus clémente envers les "errements" racistes des siens, de Bruckner à Finkielkrault en passant par Zemmour. Avec un grand courage intellectuel François Busnel, l'animateur de la Grande Librairie a fait savoir que "s'il avait su il ne l'aurait pas invité". Aurait-il eu le même positionnement si la polémique avait touché Philippe Val, qui était également en plateau pour un énième livre d'une grande médiocrité mais qui est influent dans les cercles "intellectuels"? De la hype des soirées parisiennes "Banlieue is beautiful" au Palais de Tokyo, avec Jean-Charles de Castelbajac, Mehdi est redevenu aux yeux des dominants un "jeune de banlieue" à casquette, donc nécessairement perçu comme antisémite et agressif. ça en dit long sur un imaginaire néo-colonial bien ancré dans beaucoup d'esprits. Mehdi Meklat n'est ni le représentant des quartiers, ni de la "Musulmanie" le pays fantasmagorique des tenants du Grand remplacement de Renaud Camus, ni des "basanés de France". Il ne représente que lui-même et le fait de le vouer aux gémonies après l'avoir porté aux nues en dit long sur un paternalisme qui n'a pas beaucoup évolué depuis les années 80 et la campagne de SOS Racisme "Touche pas à mon pote". Cette polémique prouve juste une fois de plus que quand on est né du mauvais côté du périph avec un nom à consonance maghrébine on n'a pas le droit à la moindre erreur. Le couperet est instantané. Je ne connais pas Mehdi, je ne l'ai pas rencontré. Je sais juste que lui et son compère ont plus que fait un job d'intérêt publique. Si les Kids disparaissaient de nos radars à cause de cette polémique en forme de sparadrap du capitaine Haddock, aussi stérile que celle qui poursuit encore Noam Chomsky en France sur son texte repris par le négationniste Robert Faurisson, ce serait un affaissement supplémentaire d'un débat dont le niveau est déjà assez bas... https://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/BRICMONT/1829
mardi 1 décembre 2015
La France d'après
New Delhi 7 sept heures du matin le 14 novembre 2015. Je me réveille dans le coltar dans la moiteur- 35 degrés- de cette ville d'escrocs franchement inhospitalière et (heureusement) pas représentative de l'Inde.
4h45 de décalage horaire avec la France où j'imagine mes compatriotes en train de se geler les miches. Un décalage bizarre car il n'est pas à heure fixe. Histoire de méridien. Whatever! En regardant les news sur mon téléphone je réalise que je suis dans la France d'après. Celle des attentats du 13 novembre. ça vient de péter! Comme ça pétera peu après au Nigéria, au Mali, à Fotokol au nord Cameroun et à Tunis. En un triste cloaque.
On connaît la suite. Le retour en France se fait donc dans une ambiance encore plus délétère qu'avant mon départ. ça se sent dès Roissy CDG. A l'arrivée à la PAF avec dans la case passeport UE l'attente est inhabituellement plus longue à cause de contrôles plus poussés sur des noms à consonance maghrébine. La France d'après on y est déjà!
Génération Post 11 septembre
Lors d'un entretien à propos de son documentaire "En quête d'identité(s) le réalisateur Elie Séonnet nous parlait de la génération des jeunes nés pendant le 11 septembre. Ils n'ont connu que cette France de la peur, du rejet, des crispations identitaires. Exit 98 Black blanc beur et 1 et 2 et 3 zéro! C'est déjà de la Préhistoire. Bande-annonce du documentaire: https://vimeo.com/129217514
Une connaissance parle de ces enfants métis qui se mettent à rejeter leur part algérienne parce que leurs camarades les traitent de terroristes à l'école. Ils ne veulent plus partir en vacances en Algérie. C'est ça la France de demain? Chaud patate! Actes racistes en nette augmentation. Prévisible hélas et raconté dans cet article du Bondy Blog http://bondyblog.liberation.fr/201512010001/degage-sale-bougnoule-cest-a-cause-de-toi-quil-y-a-eu-des-attentats/#.Vl3K079efXR
France liberticide
Bienvenue dans la France de l'Etat d'urgence, avec son lot d'arrestations arbitraires, d'interpellations de "musulmans d'apparence" comme l'a dénoncé le Collectif contre l'Islamophobie, de garde à vue, de répression comme ce dimanche 29 novembre où la police a commis des bavures. Y compris en frappant des journalistes. Voir l'article de Pierre Gautheron de The Dissident qui a été lui-même molesté:
http://the-dissident.eu/9254/marche-pour-le-climat-un-journaliste-raconte-la-violence-des-forces-de-lordre/
Une situation qui selon la journaliste canadienne Naomi Klein est pire que Bush à l'époque de la guerre en Irak. Hollande a réussi à dépasser Bush dans les politiques liberticides en interdisant des marches pacifiques!
Désobéissance civile
Pour protester contre les dérives de l'Etat d'urgence et continuer à manifester librement 58 personnalités ont lancé un appel à la désobéissance parmi lesquelles Olivier Besancenot, Gérard Mordillat, Rokhaya Diallo, Tardi ou encore Xavier Matthieu https://www.change.org/p/fran%C3%A7ois-hollande-nous-manifesterons-pendant-l-%C3%A9tat-d-urgence?source_location=petitions_share_skip
Dans un autre registre Matthieu Longatte le Bonjour tristesse a placé sa chronique sous le titre de "Plus de peine que de haine". Une façon de conjurer la morosité ambiante les copains!
Reste à espérer que les élections régionales françaises des 6 et 13 décembre ne seront pas les prémisses du scénario catastrophe de la BD de François Durpaire et Farid Boudjellal-Editions les Arènes.http://www.arenes.fr/spip.php?article4561
Une BD qui anticipe une victoire de Marine Le Pen en 2017 Avec sa politique sécuritaire François Hollande surfe dangereusement sur les terres du FN. A qui profite le crime?
dimanche 12 juillet 2015
Zorba dit oxi!
Quelle Europe voulons nous? Sûrement pas celle de l'Eurogroupe et de la BCE. De Jean-Claude Juncker et de Mario Draghi, sinistres maillon du pouvoir économique qui piétine la Grèce d'Alexis Tsipras, aidé par des philosophes milliardaires http://www.lepoint.fr/monde/bernard-henri-levy-tchao-tsipras-30-06-2015-1941116_24.php des éditorialistes véreux comme Jean Quatremer et Arnaud Leparmentier du Monde
Voir à ce sujet ce qu'en dit l'économiste non orthodoxe chroniqueur du Monde diplomatique Frédéric Lordon http://blog.mondediplo.net/2015-07-07-Le-crepuscule-d-une-epoque
Si une telle pensée libérale, celle de Guy Verhofstadt député européen belge de l'Open VLD qui a fait le buzz en interpellant Tsipras au Parlement européen de Strasbourg (Alors que lui-même est un cumulard plein aux as) n'est pas plébiscitée par la base elle a en revanche pignon sur rue dans les médias dominants à coup d'éditos condescendants qui prônent hégémoniquement le catéchisme libéral au vilain petit canard grec.
Grèce : quand une militante Syriza dénonce le... par libezap
Au point qu'une militante de Syriza vivant en France a interpellé Nicolas Doze, l'éditorialiste du groupe d'Alain Weill BFM TV sur la collusion entre pouvoir financier et médias.
En 1961 dans "Le président" film de Henri Verneuil le président du Conseil Emile Beaufort (Jean Gabin) avertissait déjà de l'émergence d'une "Europe des Maîtres de forge avec des trusts horizons et verticaux sous forme de conseil d'administration où les partis ne seraient plus que des syndicats d'intérêt."
" Le Président " Jean Gabin par Radiopariman
Prémonitoire? Était-ce cela le rêve des pères fondateurs de l'Union européenne, les Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer? Lors d'un entretien qu'il m'a accordé le sociologue Edgar Morin, 94 ans, et donc quelques heures de vol, ne pensait pas dans ces pires cauchemars qu'on en arriverait à cette caricature d'Europe financière, incarnée par le ministre des finances d'Angela Merkel: Wolfgang Schauble. Ce triste personnage, dont l'âge avancé contraste avec la jeunesse d'un Yanis Varoufakis sacrifié sur l'autel des "négociations" avec l'Eurogroupe.
Schauble, un lointain cousin du personnage de savant fou incarné par Peter Sellers dans "Doctor strangelove" de Stanley Kubrick. Toutes proportions gardées bien sûr. Rappelons que le docteur Folamour est un savant nazi passé à la solde des États-Unis, comme il y en eut de façon authentique durant la Guerre froide
Qui aurait pu se douter que la Grèce confrontée à la dictature politique des Colonels de 1967 à 1974, décrite dans le film "Z" de Costa-Gavras en 1969 serait sous la coupe d'un diktat financier qui lui impose "des réformes austéritaires nécessaires" dont on voit les dégâts, sous peine de "Grexit". Ce n'est pas un hasard si le cinéaste franco-grec soutient Syriza, en opposition avec la Grèce des riches défendue par l'animateur Nikos Aliagas, partisan du oui au référendum:
Costa-Gavras : "Tsipras fait ce que beaucoup d... par franceinter
Bon gré mal gré, malgré les dissensions au sein de Syriza, et même si le référendum du 5 juillet accouchera probablement d'une souris il restera dans l'Histoire ce qu'Edgar Morin qualifie de l'un des premiers: "vrai moment démocratique européen".
Rien que pour cela ça vaut le coup de danser le Sirtaki avec Zorba, le personnage campé par Anthony Quinn dans le film de Michael Cacoyannis en 1964:
danse de Zorba le grec par paslem
samedi 17 janvier 2015
Alpha papa tango Charlie
Bizarre vous avez dit bizarre? Il y a quelque chose de bizarre dans le climat actuel, au delà d'une unité nationale temporaire, qui ne masque pas bon nombre d'actes islamophobes en France, malheureusement prévisibles.
Les attentats des 7 et 9 janvier contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ont fait émerger des slogans bizarres tels que: "Je suis Charlie, je suis flic, je suis juif". Ce slogan "Je suis Charlie, je suis flic, je suis juif" je le conchie d'autant qu'il est absurde. Il ne veut rien dire. Un employé de Sodexho, un agent d'entretien, une agent de police municipale martiniquais, un policier "musulman d'apparence", un secrétaire de rédaction kabyle ont été tués. On n'a pas pour autant scandé: "Je suis Sodexho, je fais le ménage, je suis correcteur et antillais".
"Je suis Charlie", cri spontané devenu presque un slogan marketing me pose un problème celui de l'injonction. Celle lancée par Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique de France 2 dont le patronyme et les manières laissent supposer qu'elle n'a pas grandi aux Beaudottes de se déclarer Charlie et de respecter la minute de silence (pas vraiment la tasse de thé de Cabu et ses camarades assassinés) Elle a incité à "repérer" ceux qui ne sont pas Charlie. Sous-entendu des supporters des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly.
Comme si tous les gens qui auraient des réticences vis à vis du journal satirique dont je fais partie ou de ce slogan feraient l'apologie du terrorisme. Un chouia simpliste et surtout limite de l'appel à la délation. Jusqu'aux condamnations fermes envers des adolescents qui méritent sûrement une sanction mais pas jusqu'à l'emprisonnement dans un milieu carcéral,on le sait ferment de toutes les radicalisations. Revers sécuritaire d'un système qui a failli à repérer l'opération menée conjointement par les trois tueurs.
Suis-je Charlie? Si c'est pour dénoncer des assassinats tout le monde (sauf une poignée d'excités l'est) ça n'empêche pas de profonds désaccords éditoriaux avec Charlie et ce que c'est devenu: l'éviction de Bob Siné, de Lefred-Thouron, une équipe de gens douteux autour de l'acabit de Philippe Val, l'avocat de DSK Richard Malka, la journaliste islamophobe Caroline Fourest et tout récemment la sarkozyste Jeanette Boughrab, compagne ou non de Charb, qui est venue à la soupe.
Je suis Nigeria a tweeté l'actrice Aissa Maiga. Nos morts valent-ils plus que les deux-mille de Boko Haram? A signaler une pétition de la plate-forme "We sign it". Une bouteille d'eau dans la mer? Peut-être? Mais c'est déjà pas mal
http://stopbokoharam.wesign.it/fr
"Je suis Django"
Entendre "la Marseillaise" lors du rassemblement du dimanche 11 janvier place de la République à Paris m'a fait grincer des dents. Les seules versions de ce chant belliciste que je tolère sont "Aux armes etc" de Serge Gainsbourg, "un petit juif russe entouré de rastas" et "Echoes of France" de Django Reinhardt, un Rrom des années 40 qui vivait dans une roulotte à Sannois. ça permet de zapper le détestable "sang impur qui abreuve nos sillons" Surtout je pense que l'Internationale (scandée aux funérailles de Charb à Pontoise) convenait plus aux caricaturistes assassinés, même s'ils s'étaient embourgeoisés. Wolinski avec la légion d'honneur en 2005 c'est comme si Choron avait été à l'Académie française!
Bon ça faisait chaud au coeur de voir tout ce monde, même si comme l'a souligné le journaliste Laurent Léger de Charlie Hebdo, un type bien à priori et le dessinateur Luz, c'était surtout pour ces anonymes dont beaucoup n'avaient sûrement jamais ouvert l'hebdo satirique.
En revanche, un "bal de faux-culs" pour reprendre l'expression de Laurent Léger avec Hollande mais aussi des ennemis de la liberté d'expression comme Faure Gnassingbé, Ali Bongo, Viktor Orban, Benyamin Netanyahu, le roi de Jordanie, les délégués du Royaume du Maroc ça filait de l'urticaire!
Autre impression bizarre durant ce rassemblement jamais vu selon une mamie depuis la Libération de Paris, ces étranges applaudissements lors du passage des camions de gendarme. Je ne dis pas que "CRS SS" soit le slogan le plus heureux de Mai 68. Mais de là à applaudir les cognes! Brassens se serait retourné dans sa tombe du cimetière marin de Sète.
Alors assistons nous à un rétropédalage réactionnaire bleu blanc rouge et sécuritaire? A un pur instant de grâce dû au dévouement héroïque de la police pour la nation? Time will tell
In memoriam Jean Cabut dit Cabu, le père de la fille du proviseur et du Grand Duduche
vendredi 31 octobre 2014
Burkin Ba
C'est officiel. Blaise Compaoré quitte le pouvoir. Il a tourné casaque dans un communiqué ce vendredi suite à ce que certains médias français ont minoré d'"émeutes", d'"échauffourées" du jeudi 30 octobre, au lieu d'évoquer le mot manifestation. Comme si les burkinabés n'étaient pas capables de s'émanciper par un mouvement national!
Aujourd'hui on peut parler d'une Révolution citoyenne, bien au delà du mouvement du "balai citoyen" initié par les artistes Smockey et Sams'k Le Jah. Oui des voitures ont brûlées. Oui des locaux ont été pris d'assaut comme la Radiotélédifussion Burkinabé (RTB) chaîne nationale, emblème du pouvoir du parti de l'ex président le CDP Congrès pour la démocratie et le progrès appelé ironiquement par les manifestants Corrupteurs détourneurs prédateurs. Oui l'Assemblée Nationale a été incendiée Oui des maisons de proches du pouvoir ont été pillées à Bobo-Dioulasso.
Mais après vingt-sept années de dictature, de musèlement du peuple burkinabé pas étonnant que la colère s'exprime, d'une manière relativement pacifique et sur une échelle nationale comme le montre les images compilées par ce jeune blogueur:http://burkina-images.blog4ever.com/un-peuple-synchronise-des-villages-aux-villes-pour-dire-non-a-blaise-compaore
La vraie violence émane surtout comme souvent des forces de l'ordre qui auraient fait au moins trente morts en tirant à balles réelles. Martyrs de cette noble cause qui méritent le respect. Sans parler des blessés.
En 2012 j'étais au Burkina Faso, année des vingt-cinq années de règne de pouvoir du "beau Blaise". Il semblait alors inamovible, triomphant. Damien Glez, caricaturiste du fameux journaliste satirique le Journal du Jeudi: le Jiji m'avait alors offert un dessin représentant l'"ami" de Thomas Sankara avec une couronne de lauriers et cette bulle narquoise: "Tu es venu pour mon anniversaire?"
Aujourd'hui le vent a tourné. En tentant de modifier l'article 37 de la Constitution en sa faveur il a définitivement braqué la population dont beaucoup de jeunes de ma génération, nés dans les années 80 qui n'ont connu que lui comme chef d'Etat. A l'instar de Joey le Soldat qui avec Art Melody incarne un rap engagé contre les leaders corrompus qui s'accrochent au pouvoir.
En écho à la Révolution citoyenne voici des images tournées à Ouaga à l'Assemblée Nationale pendant les événements par Gabriel Kambou de l'association locale 100% liberté d'expression "Droit libre TV"
Ces images tournées le 27 octobre par Droit libre TV montrent les femmes, que d'aucuns fantasment soumises et dociles à la maison, battre les spatules à l'avant-garde de cette Révolution citoyenne.
A noter que le mouvement burkinabé a fait ricochet. Voir cet article d'"Oeil d'Afrique" qui évoque les manifestations de béninois pour avertir le président Yaya Boni de ne pas tenter de s'imposer pour un troisième mandat: http://oeildafrique.com/benin-reclame-elections-libres-transparentes/
Dorénavant les vieux caciques africains vont commencer à avoir peur. Sur les réseaux sociaux un jeu circule déjà. Qui va être le prochain à dégager? Yahya Jammeh (Gambie) Idriss Déby (Tchad) Paul Biya (Cameroun) Teodoro Obiang (Guinée-Equatoriale) Robert Mugabe (Zimbabwe) Faure Gnassingbé (Togo) Denis Sassou N'guesso (République du Congo) Omar El Béchir (Soudan) Issayas Aferwerki (Erythrée) La liste est loin d'être close... A eux de jouer!
mercredi 22 octobre 2014
"Total, partenaire officiel de tout ce qui tâche, colle et pue partout dans le monde" -Les Guignols de l'Info
Comme la plupart des français j'ai reçu avec ma taxe d'habitation ma contribution à l'audiovisuel public, expression bidon pour désigner la redevance télé. La note fait grimacer. Sous prétexte que la redevance s'aligne sur l'inflation elle est passée de 116 euros en 2008 à 133 en 2014. Et ça augmentera encore de 3 euros l'an prochain.
Si encore le jeu en valait la chandelle je m'inclinerais. Mais... le 20 heures de France 2 de ce mardi 21 octobre m'a donné envie de jeter le poste par la fenêtre.
Christophe de Margerie alias "Big moustache" (personnellement je préférais Terry-Thomas dans "La Grande vadrouille") est décédé dans un accident de jet privé à Moscou. J'avais vu ses célèbres bacchantes des "Brigades du Tigre" une fois au Palais Brongniart, le temple historique de la Bourse, en face de l'AFP.
Pas de quoi se réjouir. Mais d'une part il n'était pas seul dans l'avion. Les autres victimes ne comptent pas beaucoup dans les réactions politico médiatiques. Premier point
Deuxièmement On entend moins ces réactions unanimes pour les victimes d'Ebola, de la Syrie, de la Palestine, de la RDC et j'en passe. On pèse plus quand on est une des plus grosses fortunes de France qu'un pécain moyen du Sud.
D'autre part, David Pujadas s'est livré avec nos deniers, ceux du service public (133 euros par tête de pipe!) à une communication d'entreprise pour Total.
Quand TF1 a fait l'hommage funèbre de Francis Bouygues en 1993 c'était puant d'obséquiosité mais sans surprise de la part de journalistes salariés du groupe de BTP Bouygues.
J'ignorais que France Télévisions était une filiale de Total. Rémy Pfimlin, nommé par Nicolas Sarkozy PDG de France Télévisions et qui lui-même fait partie des TGF (Très grosses fortunes de France) devrait nous éclairer sur ce point.
Dans un article du Monde.fr, journal qu'on ne peut pas qualifier de gauchisme exacerbé
http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/21/christophe-de-margerie-total-et-les-affaires_4509978_3234.html
un bilan est dressé des actions pas toujours très glorieuses du patron décédé: Marée noire de l'Erika, usine AZF à Toulouse, le programme pétrole contre nourriture en Irak, les investissements en Birmanie...
Pas un mot sur tout cela dans le JT de David Pujadas. On se contente d'un publireportage auprès des cadres du siège de Total à la Défense. "De Margerie avait de l'humour. Il aimait faire la fête. Il était sympa. Il va nous manquer." Incursion beaucoup plus rapide dans le reportage à la Raffinerie de Grandpuits où les ouvriers de base étaient peut-être beaucoup plus nuancés. On n'aura droit qu'à deux ou trois réactions sûrement bien choisies.
Pas un mot non plus du présentateur vedette de France 2 sur les rapports privilégies de Margerie avec un autre "mec sympa" François Hollande qu'il connaît bien grâce à sa cousine Brigitte Taittinger, épouse de Jean-Pierre Jouyet, le renégat qui a su sans souci passer de Sarkozy à Hollande.
On se croirait revenu aux "Temps modernes" de Chaplin avec la figure indéboulonnable du patron qui regarde d'un oeil bienveillant et avec la moustache qui frise le coulage des cadences.
On a évidemment droit à l'hommage de François Lenglet à Margerie. François Lenglet? Oui vous savez c'est la version chauve remastérisée 2014 de Jean-Pierre Gaillard et Jean-Marc Sylvestre. Un ersatz de BFM Business qui prend plaisir à nous exposer au 20 heures le théorème néo-libéral comme un "avis d'expert" au milieu du JT
Le Tweet de trop?
Pour finir son éminent travail de journaliste, Pujadas se fend d'une brève sur Gérard Filoche, l'inspecteur du travail socialiste, ancien de la LCR qui a osé, ô crime de lèse-majesté tweeter: "Les grands féodaux sont touches. Ils sont fragiles. Le successeur nous volera t-il moins?"
Naturellement, Pujadas reprend principalement dans sa brève la comparaison que fait Filoche dans un second tweet sur de Margerie avec un suceur de sang.
Ironiquement, après la condamnation unanime PS et UMP de l'"affreux Filoche", Manuel Valls en tête, c'est Jean-Christophe Cambadélis, autre ancien trotzkyste, mais de l'OCI, la tendance à laquelle appartenait Jospin, qui doit convoquer Gérard Filoche pour une éventuelle exclusion par la Haute autorité du parti.
Voir la réaction de l'intéressé sur le site de RTL:
http://www.rtl.fr/actu/politique/gerard-filoche-ne-regrette-pas-son-tweet-contre-christophe-de-margerie-derriere-le-petrole-il-y-a-du-sang-7774930158
Enfin, Gérard Filoche n'a pas été le seul à réagir "cash" sur Twitter au décès du patron de Total. Politis a fait une compilation, parmi laquelle on peut noter la réaction du journaliste Olivier Cyran mais aussi du secrétaire du Parti de Gauche Alexis Corbière...
http://www.politis.fr/La-twittosphere-ironise-sur-les,28638.html
lundi 1 septembre 2014
Relève toi la Guinée-Conakry 2
Malgré ces perspectives funestes pour "le château d'eau de l'Afrique", comme on surnomme la Guinée-Conakry, certaines initiatives redonnent de l'espoir sur l'éveil d'un pays qui, en raison de son cheminement politique en dents de scie depuis l'Indépendance le 2 octobre 1958 a pris un retard économique important, avec une jeunesse particulièrement à la marge et oisive. Une force vive qui trop souvent survit de débrouille.
A ce sujet, signalons l'initiative de Thierry Soumah, guinéen de la diaspora qui a réalisé une trilogie intitulée "Débrouille à Conakry" en trois volets: "Sur les routes", "Le marché de Madina" et les Universités" que le film montre en piteux état. Sans sombrer dans le misérabilisme, le documentaire pointe à la fois la détresse d'un peuple face au manque criant de moyens mais aussi le potentiel humain via les petits métiers, la débrouille, l'abnégation et la volonté de s'en sortir. Si tout n'y est pas parfait ce document a le grand mérité d'exister pour nous éclairer sur la population dans un pays dont on parle encore trop peu
Un guinéen de la diaspora établi aux Etats-Unis l'acteur réalisateur Mohamed Dione a fait un documentaire au titre explicite: "Going home Guinea Conakry" sur l'urgence pour la diaspora de restituer ses acquis au pays d'origine. Si le film n'est pas encore disponible l'initiative semble prometteuse!
Voir le trailer:
L'idée de faire participer les "locaux" change de certaines ONG au fonctionnement nébuleux basées sur un assistanat qui n'aboutit qu'à mettre les populations sous perfusion. De ce point de vue la coopération Atlantique Guinée 44 du département Loire-Atlantique en France a réussi à Kindia, ville étape sur la route du Fouta-Djalon en Guinée une expérience intéressante. Faire participer les citoyens au tri des déchets sur le marché de Kindia et en tirer des bénéfices avec le recyclage. L'initiative a été suivie par des équipes de Canal + qui ont également relayé la vie quotidienne et les activités de la jeunesse locale. Le dernier film de la série est prévu en 2015. Si la ville n'est pas totalement assainie elle reste un modèle dont sa voisine Conakry, qui pâtit d'une situation environnementale désastreuse devrait s'inspirer!
http://www.cooperation-atlantique.org/
Sur ce thème l'association "Umuganda Africa" inspiré de l'exemple de Kigali, capitale rwandaise qui fait autorité en terme de propreté (Umuganda signifie tâche communautaire en kinyarwanda) a décidé de reprendre ce concept de quartiers nettoyés par ses habitants se prenant en main (les services de voirie faisant souvent défaut) pour trois capitales d'Afrique de l'Ouest: Bamako, Dakar... et Conakry qui en a vraiment besoin! Affaire à suivre! En attendant plus d'explications par une des porte-paroles de l'association Lola Simonet sur Africa numéro 1:
A noter qu'à Conakry les premiers coups de pioche ont été creusés à Bonfi. Y a plus qu'à.. Wontanara! (On est ensemble en langue Soussou, langue véhiculaire des conakryka)
A ce sujet, signalons l'initiative de Thierry Soumah, guinéen de la diaspora qui a réalisé une trilogie intitulée "Débrouille à Conakry" en trois volets: "Sur les routes", "Le marché de Madina" et les Universités" que le film montre en piteux état. Sans sombrer dans le misérabilisme, le documentaire pointe à la fois la détresse d'un peuple face au manque criant de moyens mais aussi le potentiel humain via les petits métiers, la débrouille, l'abnégation et la volonté de s'en sortir. Si tout n'y est pas parfait ce document a le grand mérité d'exister pour nous éclairer sur la population dans un pays dont on parle encore trop peu
Un guinéen de la diaspora établi aux Etats-Unis l'acteur réalisateur Mohamed Dione a fait un documentaire au titre explicite: "Going home Guinea Conakry" sur l'urgence pour la diaspora de restituer ses acquis au pays d'origine. Si le film n'est pas encore disponible l'initiative semble prometteuse!
Voir le trailer:
L'idée de faire participer les "locaux" change de certaines ONG au fonctionnement nébuleux basées sur un assistanat qui n'aboutit qu'à mettre les populations sous perfusion. De ce point de vue la coopération Atlantique Guinée 44 du département Loire-Atlantique en France a réussi à Kindia, ville étape sur la route du Fouta-Djalon en Guinée une expérience intéressante. Faire participer les citoyens au tri des déchets sur le marché de Kindia et en tirer des bénéfices avec le recyclage. L'initiative a été suivie par des équipes de Canal + qui ont également relayé la vie quotidienne et les activités de la jeunesse locale. Le dernier film de la série est prévu en 2015. Si la ville n'est pas totalement assainie elle reste un modèle dont sa voisine Conakry, qui pâtit d'une situation environnementale désastreuse devrait s'inspirer!
http://www.cooperation-atlantique.org/
Sur ce thème l'association "Umuganda Africa" inspiré de l'exemple de Kigali, capitale rwandaise qui fait autorité en terme de propreté (Umuganda signifie tâche communautaire en kinyarwanda) a décidé de reprendre ce concept de quartiers nettoyés par ses habitants se prenant en main (les services de voirie faisant souvent défaut) pour trois capitales d'Afrique de l'Ouest: Bamako, Dakar... et Conakry qui en a vraiment besoin! Affaire à suivre! En attendant plus d'explications par une des porte-paroles de l'association Lola Simonet sur Africa numéro 1:
A noter qu'à Conakry les premiers coups de pioche ont été creusés à Bonfi. Y a plus qu'à.. Wontanara! (On est ensemble en langue Soussou, langue véhiculaire des conakryka)
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